JOE BARNES & HAZZARD RACING

Toujours Hors Normes

Ben Nevis est entouré de nuages gris lorsque je m’écarte de la route principale et m’arrête à côté d’une voiturette Reliant Robin en piteux état et d’un camping-car frappé d’autocollants jaunes où l’on peut lire «The Landship». Comme d’habitude à Fort William, il pleut des cataractes. La porte d’une caravane sédentaire voisine s’ouvre à la volée, et Joe apparaît avec la dernière génération des Barnes sur le bras, l’autre main prise par ce qui ne peut être qu’une tasse de chicorée.

Une fois au sec et au chaud, la conversation aborde rapidement le départ de Joe de chez Canyon, les géants allemands, après six ans de courses dans leur équipe d’enduro. « Les 8 semaines par an de l’Enduro World Series étaient le seul objectif, et c’était vraiment ce pourquoi toute l’équipe était là... Il me semblait très difficile d’avoir un programme de course qui reste assez flexible pour me permettre de faire des vidéos », explique Joe.

JOE BARNES & HAZZARD RACING
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JOE BARNES & HAZZARD RACING
JOE BARNES & HAZZARD RACING

Certes, Joe est un coureur immense et qui n’a rien à prouver, ayant grimpé les marches de l’illustre podium de l’Enduro World Series ; mais ce n’est qu’une facette du personnage. De l’autre côté, il y a des vidéos hallucinantes pleines de boue et d’ornières, de panoramiques et de zooms anarchiques ; des scénarios loufoques et bizarroïdes témoins d’une imagination sans limites, et toujours des âneries à deux roues qui vous feront à la fois pleurer de rire et écarquiller les yeux. On est loin des productions à gros budget, toutes en slow-motion et en découpages léchés, mais c’est la beauté de la chose. Ce n’est pas forcément la tasse de thé de tout le monde, mais Joe admet qu’il ne court pas vraiment après le grand public et les chiffres. «On ferait peut-être plus de vues au total avec du contenu jetable sur les réseaux sociaux, mais personne ne s’en souviendrait.» C’est une bouffée d'air frais bienvenue dans un monde cycliste de plus en plus commercial et monotone : un peu de personnalité et d’originalité peut vous emmener loin.

«C’était un peu une relation douce-amère, d’amour-haine avec Canyon. Ils voulaient notre atmosphère, notre style dans ce qu’on faisait, mais ils voulaient aussi que je sois juste un coureur lambda...»

Pour Joe, en 2019, libéré des contraintes d’une saison de course entière et assoiffé d’encore plus de liberté dans ses vidéos, il était temps de revoir son approche du vélo et de la course ; c’est ainsi qu’est née l’équipe Hazzard Racing. «Je me suis laissé piéger pendant 6 ans à ne faire que le World Series et puis c’est tout, plein de gens font comme moi et ratent tout le reste», ajoute-t-il. Il est rejoint dans sa nouvelle aventure par son «premier pote de course» Fergus Lamb, et par le jeune et exubérant Lachlan Blair. «J’ai toujours fait mes courses avec Ferg, on a fait tous les voyages pour toutes les Coupes du Monde ensemble dans le camping-car, c’est mon pote de course naturel depuis le début».

Sans être nostalgique ni idéaliser le passer, Joe a manifestement à cœur de retourner à sa propre façon de courir depuis longtemps. «C’était un peu une relation douce-amère, d’amour-haine avec Canyon. Ils voulaient notre atmosphère, notre style dans ce qu’on faisait, mais ils voulaient aussi que je sois juste un coureur lambda... Les années aidant, j’ai commencé à pencher de plus en plus du côté lambda et à tourner de plus en plus le dos au camping-car et aux gars. Pendant des années, j’ai couru à un assez haut niveau tout en ne faisant partie d’aucune équipe officielle, alors j’étais assez surpris quand j’en ai intégré une... J’ai hâte de retrouver ce style, c’est comme rouvrir une porte.»

Il rit en se tournant vers Lachlan. «Il est un peu plus jeune que moi... Je l’ai toujours pris pour un gosse un peu agité qui lâchait trop souvent le guidon en pleine course, et je me disais qu’il ferait bien de grandir, dit-il en riant. Maintenant, il va commencer à me battre, donc c'est très bien ... Je ferais aussi bien de lui filer un contrat !» Le trio a l’air bien parti, avec leur rapport unique au vélo et à la course.

«On est partis faire du bateau, on vivait dessus, pendant un an je n’ai pas touché à un vélo et je crois que ça ne m’a donné que plus envie d’en faire.»

La formation de Hazzard Racing marque un «retour aux sources», et notamment à Orange Bicycles, avec qui tout à commencé pour le jeune Barnes : on se souvient de son passage dans la célèbre équipe MTB Cut, dont les vélos rose vifs brûlaient la rétine de tous les spectateurs au bord des chemins. «J’adorais juste le vélo, sans qu’il y ait vraiment de raison. Mes parents n’avaient pas de vélo, et ils n’y connaissaient pas grand-chose», indique-t-il lorsque nous lui demandons comment tout a commencé. Il est donc amusant que l’obsession de Joe se soit propagée dans la famille, et que sa mère Gill aille jusqu’à ramener une médaille d’or à la maison après les Championnats du Monde Masters à Andorre il y a quelques années.

Joe ajoute à propos de son enfance : «On est partis faire du bateau, on vivait dessus, pendant un an je n’ai pas touché à un vélo et je crois que ça ne m’a donné que plus envie d’en faire. Quand je suis revenu à terre, et même avant ce voyage, je roulais juste sur des vélos de la déchetterie qu’on avait remis d’aplomb... j’imagine qu’avoir la coupe du monde de descente dans le coin m’a fait me dire que la descente était un sport pas mal, du coup je suis allé essayer.» Une fois sur la terre ferme, Joe était accroché pour la vie : il n’a plus jamais regardé en arrière.

Le monde du VTT déferle sur Fort William et le Nevis Range pour un weekend par an au mois de juin, mais la réalité du cyclisme à Fort William est très différente des plaques de granite d’Aonach Mòr qu’on peut descendre à toute vitesse. «Le terrain d’ici a façonné mon style de pilotage. C’est très boueux et assez lent, donc il faut beaucoup d’agressivité pour bien rouler... Sur une course boueuse ou technique à des vitesses légèrement inférieures, je crois que mes compétences gagnées ici font la différence.» Comme nous parlons, le mercure est à peine au-dessus de zéro et la pluie ne s’est pas calmée depuis que je suis arrivée. Je me demande comment ils restent motivés toute l’année. Il m’explique, avec un sourire narquois parce qu’il sait que c’est une réponse un peu cliché : «Avec le bon équipement, pas de problème. Mais c’est vrai, hein, plein de sous-couches et un gilet thermique, et rien ne t’arrête ! Il faut s’habituer à laver ses fringues, quoi... Mais dehors, sur le vélo, tout va bien !» Le regard de Joe s’en va déjà par la fenêtre, alors qu’il prépare mentalement son échappée de l’après-midi dans les profondeurs des collines couvertes de pins.

«Avec le bon équipement, pas de problème. Mais c’est vrai, hein, plein de sous-couches et un gilet thermique, et rien ne t’arrête ! Il faut s’habituer à laver ses fringues...»

Hazzard Racing se moque des attentes habituelles et de la façon dont la plupart des athlètes de haut niveau et des équipes de course ont tendance à faire les choses, y compris dans leur esthétique. «Sur la liste de choses dont Hazzard Racing avait besoin, il y avait notre look à nous», explique Joe, assis dans sa veste de ski de l’équipe de Norvège, ramassée en road-trip il y a bien des lunes. «Travailler sur une gamme de maillots personnalisés, c’était en haut de la liste... Et c’est un des gros points forts d’Endura», ajoute-t-il. Libéré des contraintes d’une tenue officielle, Joe et Hazzard Racing peuvent laisser libre cours à leurs idées loufoques grâce à la carte blanche que leur offre Endura. Leurs maillots ne manqueront pas de faire justice au monde excentrique de Hazzard Racing et de faire briller leur personnalité, tout en les aidant à vraiment se démarquer du reste des coureurs.

Il faut être un sacré dur à cuire pour vivre et rouler à Fort William toute l’année, et c’est ce qui rend Hazzard Racing parfaitement compatible avec l’ADN d’Endura. Les racines d’Endura sont toujours fermement ancrées en Écosse, où ils imaginent et testent leur équipement depuis plus de 20 ans dans les pires conditions imaginables. C’est l’une des raisons pour lesquelles Endura est devenue une référence en équipement à toute épreuve, avec des tenues prêtes à encaisser tout ce que vous leur ferez subir. Hazzard Racing roulent et concourent avec le Casque Intégral MT500, tout nouveau et léger, et les genouillères HardShell MT500, et ils leur en font voir de toutes les couleurs sur les pistes de course comme sur les chemins de tous les jours.
JOE BARNES & HAZZARD RACING

FOOTNOTES

Translated by Antoine Rumelhart, Photos by Eilidh McKibbin & Sean Hardy.