Le VTT d’élite n’est pas fait pour le commun des mortels. Concourir au niveau mondial exige un ensemble de compétences si soigneusement affûtées au fil du temps que pour beaucoup, une seule discipline tout-terrain est bien assez à gérer. Pourtant, après son titre de championne du monde élite en 2012, la descendeuse française Morgane Charre a cédé à son appétit pour la course, et s’est élancée depuis le monde de la descente vers l’enduro et au-delà.
C’est en 2010, à l’étape de Maribor de la Coupe de Monde UCI, que Morgane a goûté pour la première fois au plus haut niveau de la descente de compétition. Elle n’était alors qu’une jeune athlète prometteuse, et qui ne se doutait pas qu’elle serait couronnée championne du monde Élite à Leogang en 2012, à peine deux ans plus tard. Après de nombreuses apparitions sur les podiums de courses de descente nationales et internationales, l’opportunité s’est présentée de devenir une athlète à temps plein, et Morgane l’a saisie à pleines dents.
Pourtant, après avoir pratiqué la descente pendant la majeure partie de sa carrière, Morgane explique que «Les pistes de courses ont commencé à être de plus en plus orientées vers la vitesse, alors que je suis plus intéressée par la technicité. Alors, j'ai décidé d’essayer l'enduro, et j'ai adoré !» Elle s’est donc mise à jongler entre la descente au niveau international et les courses d’enduro, avec quelques compétitions Crankworx ici et là pour faire bonne mesure. Comment s’est faite la transition des télécabines et de la descente aux épopées sur plusieurs jours de l’enduro ?
«On doit tout réussir du premier coup, ce qui est assez dur mentalement, mais c’est aussi une sensation incroyable lorsqu’on y arrive.»
«J'ai toujours aimé rouler sur mon vélo d’enduro en dehors des course, donc j’aimais déjà bien pédaler. J’ai pu voir mon endurance s’améliorer depuis que je me suis mise à la compétition. Avant, j’avais beaucoup de mal à tenir toute la journée en course, mais ça va de mieux en mieux. Je pense que j’ai encore de la marge pour m’améliorer en pédalage, mais j’aime m’entraîner pour ça», nous dit Morgane. À part le pédalage et les distances bien plus longues de l’enduro, Morgane pointe du doigt d’autres différences entre les deux sports tout-terrain : «Une coupe du monde de descente, c’est épuisant nerveusement : tout doit être parfait, il y a souvent de grands sauts et des passages effrayants, et en course, on n’a pas de deuxième chance. On doit tout réussir du premier coup, ce qui est assez dur mentalement, mais c’est aussi une sensation incroyable lorsqu’on y arrive.» Alors que pour les courses d’enduro, l’essentiel est d’arriver à sauvegarder son énergie des jours durant : «le pire, c’est quand on oublie de manger suffisamment pendant la course, et qu’on se sent super faible d’un coup et qu’atteindre la prochaine étape devient une mission en soi». «Tout se résume à une course qui ne dure que de trois à cinq minutes, où tout peut arriver.»
Dans toutes les disciplines du cyclisme, il y a des zones spécifiques du corps et de l’esprit qu’il faut régler et entraîner de manière experte pour réaliser les meilleures performances. En tant qu’athlète multidisciplinaire, Morgane a dû adapter son programme d’entraînement aux exigences physiques des compétitions d’enduro. «Je passe plus de temps en selle, et je roule plus souvent de longues distances. Mes intervalles sont aussi plus longs, mais le reste de mon entraînement reste à peu près le même. J'aime toujours aller à la gym, faire du BMX et faire beaucoup de ski de fond en hiver.» « Juste avant la course, je respire profondément et je souris avant de me lancer. »
«Passer à l’enduro m’a vraiment donné un gros bonus de motivation pour continuer à travailler et à progresser avec ma carrière ... J'ai tellement à apprendre que je veux vraiment continuer à progresser dans ce sport.»
À l’heure où nous écrivons ces lignes, Morgane est troisième du classement EWS, et a prouvé que passer à l’enduro était une bonne décision pour elle. En ce qui concerne l’évolution de sa carrière, Morgane explique que «passer à l’enduro m’a vraiment donné un gros bonus de motivation pour continuer à travailler et à progresser avec ma carrière. Je ne crois pas que j’aurais continué la descente encore longtemps, mais maintenant j’adore cette nouvelle discipline. J'ai tellement à apprendre que je veux vraiment continuer à progresser dans ce sport. Cette année, finir sur le podium serait une belle récompense pour ma première saison complète d’enduro.»
En tant qu’athlète professionnelle, voyager à travers le monde et concourir au plus haut niveau à la fois en descente et en enduro n’est pas chose facile sans un soutien suffisant. Heureusement pour Morgane, sa carrière de coureuse est sponsorisée par des marques qui croient en son talent, la soutiennent dans ses choix et lui permettent de s’épanouir en tant qu’individu et en tant qu’athlète. «J’ai mon propre petit programme cette année, avec uniquement des sponsors personnels. Ce sont des marques que j’ai toujours admirées, et j’aime construire une relation forte avec des gens passionnés. Je suis ravie que Juliana Bicycles m’aie fourni un des rares V10 avec peinture personnalisée, et qu’Endura m’ait donné la chance de créer mes propres maillots de course.»
Morgane suit la trace d’autres athlètes féminines d’enduro, qui sont passées par les sentiers raides et techniques de la descente pour s’épanouir ensuite dans le monde en pleine croissance de l’enduro. Tout en gravissant les échelons du circuit enduro, Morgane rejoint les durs à cuire de l’enduro avec Ella Connolly et l’équipe Hazzard Racing chez Endura.